Cela faisait bien longtemps que PAM vous concoctait cette série. Six films, six musiciens singuliers, connus ou pas, issus du continent africain ou de sa diaspora. Six êtres humains aux vies mouvementées. Six portraits et autant de parcours inspirants : la collection documentaire Off the Map nous plonge au cœur de la condition d’artiste, de Kinshasa au Caire en passant par Johannesburg et Casablanca.
Chacun est conçu comme une immersion aux côtés d’un jeune artiste, émergent ou confirmé, qui nous renseigne tout autant sur son parcours et ce qui le pousse à créer que sur la société qui l’entoure. Qu’est-ce que ça veut dire, être artiste aujourd’hui, quand on vit à Kinshasa, Lomé, ou Johannesbourg ? Certainement pas la même chose, et pourtant…
Dès le début du mois d’avril, Off the Map vous emmène au Caire, à la rencontre de Molotof. Le jeune DJ et producteur a été frappé par le blues général et les désillusions qui ont suivi le printemps égyptien confisqué par les militaires. Depuis, et c’est ce que raconte le film d’Arthur Larie et de Bastien Massa (qui ont réalisé Gidam), la musique lui sert d’exutoire, et incarne les états d’âme de sa génération.
D’une mégapole à l’autre, la série fait escale à Kinshasa, capitale de la RDC qui donne des vertiges aux statisticiens qui ont arrêté de compter. Au cœur de la ville, dans le marché Zando, où officie Sitos, ancien membre d’un gang local reconverti dans le portage de colis et de marchandises pour les commerçants. Ça, c’est le gagne pain, qui permet à Sitos de financer sa passion : la musique, et en particulier le style « zagué » du nom de l’attitude des brigands toujours « aux aguets ». Réalisé par Florent de la Tullaye, ce portrait sélectionné en 2022 au FAME – le festival international de films sur la musique à Paris – est une plongée dans l’underground kinois. Le titre « Pasi Oyo », signé Sitos, est tiré de cet épisode et accompagne le teaser que PAM dévoile aujourd’hui.
Le rappeur Elom 20ce signe lui aussi l’un des films de la collection, en suivant la chanteuse Noire Velours qui s’est construite en assumant ses différences (elle souffre d’un lymphoedème) ou la couleur de sa peau (souvent jugée « trop sombre » en France, et « trop claire » au Togo). Autant de reflexions et de questions que la jeune femme partage dans le film, comme dans ses chansons. Après le Caire, Kinshasa et Lomé, la suite de Off the Map devrait nous mener à Casablanca, à Johannesbourg, et aussi à Roubaix. À rebours des poncifs de la success story, exacerbés par l’exposition soutenue, obligatoire, de l’artiste pour exister, se révèlent en creux les enjeux qui le poussent à créer, mû par une nécessité, une responsabilité. Fidèle aux valeurs de notre média sensible et curieux, Off the Map donne à (re)découvrir des parcours toujours inspirants, et nous ouvre les portes de la condition d’artiste ici et ailleurs.
Off the Map, à suivre sur la chaîne YouTube de PAM à partir du 7 avril.